mercredi 3 février 2010

Un laboratoire d’urbanisme écologique en Chine : la ville nouvelle de Dongtan

C’est non loin de Shanghaï, sur une île située
à l’embouchure du fleuve Yangtse, que devrait voir le jour la première ville 100% écologique du Monde : Dongtan. Le projet, pharaonique, a été confié à une entreprise britannique de conseil en ingénierie ARUP, à l’occasion d’une rencontre à Londres entre Tony Blair et le président chinois Hu Jintao. C’est dire l’importance accordée au projet par le gouvernement chinois. La Chine ne peut plus ignorer les problèmes environnementaux qu’elle rencontre et cette ville 100% propre est une des initiatives destinées à s’attaquer au problème.

Sur le papier, le projet semble parfait :

* la ville sera autonome en énergie, l’isolation des bâtiments par des toits végétaux évitera les déperditions d’énergie, des éoliennes seront implanté, les transports en commun (navettes fluviales notamment) fonctionneront à l’énergie solaire ou à l’éthanol
* Dongtan recyclera ses déchets et son eau, notamment à l’aide des toits végétaux
* les immeubles ne dépasseront pas huit étages, ils seront construit avec des matériaux locaux
* l’espace réservé aux piétons est 6 fois plus important qu’à Copenhague, la ville la plus aérée d’Europe, seul 40% de l’espace est occupé par des bâtiments, des réserves écologiques et des couloirs naturels sont aménagés
* les habitants pourront manger des aliments issus de l’agriculture biologique produits localement

L’application parfaite des grands principes
de l’urbanisme écologique en somme. Les concepteurs se sont d’ailleurs ouvertement inspirés de l’éco-quartier londonien BedZED, premier du genre et inconstestable réussite.

Cependant plusieurs critiques pèsent sur cette ville-laboratoire :

* le choix de l’emplacement d’abord : une réserve ornithologique et faunistique de premier plan, située sur une île de marais, à l’équilibre écologique extrêment fragile. Ceci alors qu’il reste des terrains à l’Est de la ville de Shanghai, qui ont, eux, réellement besoin d’être développés.
* le caractère artificiel de la ville ainsi créée : elle n’abritera pas ou très peu d’industries, qui sont les premières sources de pollution chinoises, une partie du problème urbain n’est donc pas pris en compte
* les catégories de populations qui pourront habiter cette ville : vraisembablement plutôt de riches citadins voulant trouver un environnement de qualité et une qualité de vie supérieure à celle de Shanghaï. Aucun plafond n’a pour l’instant été fixé pour les prix des loyers, les concepteurs du projet ont seulement promis 20% de logement social.
* le bilan carbone de Dongtan sera certes meilleur que la plupart des villes existantes, mais l’empreinte écologique estimé de ses habitants serait de 2,2 hectares par personne, soit supérieure à la limite soutenable théorique de 1,9
* le projet, enfin, est dénoncé comme étant une vitrine pour le pays abritant 20 des 30 villes les plus polluées de la planète. Les crédits utilisés pour faire sortir cette ville de terre auraient sans doute été plus efficace dans des campagnes de sensibilisation aux économies d’énergie ou dans des projets urbains écologiques dans des villes existantes.

L’expérience de la construction de Dongtan sera évidemment une opportunité intéressante pour tester grandeur nature les propositions de l’urbanisme écologique. Mais encore une fois, ce ne sont pas des coups d’éclats ou d’énormes infrastructures coûteuses qui sauveront la planète du réchauffement climatique, mais des initiatives locales, ciblées et efficaces.

Voir l’article de Wikipedia sur Dongtan

Voir la photo aérienne de l’île de Chongming sur GoogleMap

(lu sur Ecopolit.eu)

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