lundi 8 mars 2010

Démineurs domine Avatar aux Oscars, et facile en plus

La 82e cérémonie des Academy Awards aura vu le triomphe des Démineurs de Kathryn Bigelow, et la défaite (relative) d’Avatar de James Cameron. Et s’est achevée, pour la première fois de son histoire, sur le sacre d’une reine. Compte rendu.

Dire que la cuvée 2010 des Academy Awards était attendue avec une appréhension toute particulière relève du plus doux des euphémismes. Jugez plutôt : présence dans le palmarès du plus grand succès commercial de tous les temps (Avatar). Mise en balance dudit succès avec une œuvre à petit budget (Démineurs), les deux recevant du reste le même nombre de nominations : neuf. Le metteur en scène du premier (James Cameron) se trouvant être l’ex-compagnon de la réalisatrice du second (Kathryn Bigelow). Parmi les autres nominés, deux fauteurs de trouble capables chacun de faire pencher les comptes d’un côté ou de l’autre - le brillant et inattendu Precious de Lee Daniels, et In the Air de Jason Reitman, recevant l’un et l’autre six citations. Bref, ajoutez à cela un scandale qui vit l’un des très possibles récipiendaires de l’Oscar du meilleur film privé de cérémonie (voire l’article Un scandale mine les Oscars), ainsi qu’une présentation prometteuse par le couple Steve Martin-Alec Baldwin, et l’on comprend qu’il y avait autre chose à attendre qu’un millésime 2009 en demi-teinte, mollement conclu par le triomphe du Slumdog Millionaire de Danny Boyle.

Début des festivités. Après quelques récompenses de mise en bouche - qui ont quand même vu Christoph Waltz distingué pour son second rôle dans Inglourious Basterds, et Là-haut recevoir la statuette du meilleur film d’animation - le combat de David contre Goliath démarrait enfin. Et c’est le premier, soit l’outsider Démineurs, qui ouvrit le bal en recevant le prix du meilleur scénario. Quelques Oscars plus loin - dont deux pour Precious, celui de l’adaptation et celui de la meilleure actrice de support décerné à Mo’Nique - et Avatar égalisait dans la catégorie “direction artistique”. Puis, au fil de la cérémonie, chacun des deux adversaires se mit à piocher dans la hotte aux trophées, qui se servant pour les effets visuels ou la photographie (lui), qui pour le montage (elle), laissant tout de même au passage quelques jolies miettes aux autres.

Bridges évident, Bullock surprenante
L’une que l’on aura particulièrement savourée en même temps que l’intéressé, c’est celle qui aura été remise à Jeff Bridges pour son interprétation hautement remarquée d’un chanteur de country vieillissant dans Crazy Heart. A soixante ans, dont cinquante passés au service de la pellicule, celui qui fut acteur pour John Huston, Michael Cimino, Bob Rafelson, Robert Mulligan ou les frères Coen - excusez du peu ! - concrétise enfin sa cinquième nomination. George Clooney, Morgan Freeman, Colin Firth et Jeremy Renner auront donc certainement compris que cette année n’était pas la leur.

La catégorie concurrente, celle de la meilleure actrice, aura réservé une petite surprise en voyant Sandra Bullock couronnée. Oui, l’agent potache de Miss Détective, la partenaire du Demolition Man Sylvester Stallone ou l’héroïne de ces jeux vidéos à vous donner la migraine qu’étaient Speed et sa suite ! Même si la rumeur la donnait gagnante, renvoyant pour la quatorzième fois Meryl Streep chez elle les mains vides, on attendait tout de même de voir la comédienne de The Blind Side recevoir son prix, sachant qu’en outre elle avait reçu la veille le Razzie Award de la plus mauvaise performance annuelle pour un autre film (All about Steve). On a vu. Ne restait plus qu’à s’incliner.

Maintenant, demeurait le grand moment de la soirée, celui qui allait sacrer le roi Cameron ou la reine Bigelow. C’est cette dernière qui a donc raflé les deux prestigieuses statuettes de meilleure réalisatrice et de meilleur film (ce dernier avec l’ensemble de son équipe de production), devenant ainsi la première femme dans l’histoire des Awards à obtenir ces distinctions. Historique ? Il fallait au moins ça pour empêcher son ancien époux de priver la soirée d’une belle surprise en se faisant logiquement sacrer pour son succès “avataresque”. En outre, Monsieur avait déjà eu son moment de gloire académique il y a treize ans, en raflant onze palmes pour son fameux Titanic. Laisser madame profiter à son tour de cet ultime honneur relevait donc de la plus élémentaire des élégances.


LE PALMARES COMPLET

Meilleur film
Démineurs, de Kathryn Bigelow

Meilleur réalisateur
Kathryn Bigelow - Démineurs

Meilleur acteur
Jeff Bridges - Crazy Heart

Meilleure actrice
Sandra Bullock - The Blind Side

Meilleur acteur dans un second rôle
Christoph Waltz - Inglourious Basterds

Meilleure actrice dans un second rôle
Mo’Nique - Precious : based of the Novel ‘Push’ by Sapphire

Meilleur scénario original
Mark Boal - Démineurs

Meilleur scénario adapté
Geoffrey Fletcher - Precious : based of the Novel ‘Push’ by Sapphire

Meilleur montage
Bob Murawski & Chris Innis - Démineurs

Meilleure photographie
Mauro Fiore - Avatar

Meilleurs effets visuels
Joe Letteri, Stephen Rosenbaum, Richard Baneham & Andrew R. Jones - Avatar

Meilleur montage sonore
Paul N.J. Ottosson - Démineurs

Meilleur mixage sonore
Paul N.J. Ottosson & Ray Beckett - Démineurs

Meilleure direction artistique
Rick Carter & Robert Stromberg (direction artistique), Kim Sinclair (décors) - Avatar

Meilleurs costumes
Sandy Powell - Victoria : les jeunes années d’une reine

Meilleurs maquillages
Barney Burman, Mindy Hall & Joel Harlow - Star Trek

Meilleur film d’animation
Là-haut, de Pete Docter

Meilleure musique
Michael Giacchino - Là-haut

Meilleure chanson
Ryan Bingham & T Bone Burnett pour “The Weary Kind (Theme from Crazy Heart)” - Crazy Heart

Meilleur film de langue étrangère
El Secreto de Sus Ojos, de Juan José Campanella (Argentine)

Meilleur documentaire (long)
The Cove

Meilleur documentaire (court)
Music by Prudence, de Roger Ross Williams et Elinor Burkett

Meilleure court métrage
The New Tenants, de Joachim Back & Tivi Magnusson

Meilleure court métrage d’animation
Logorama, de Nicolas Schmerkin

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