L'expérimentation ne sera engagée que quand l’article figurant dans le projet de loi Loppsi aura été définitivement voté. (REUTERS)
Un scanner corporel a été testé pour la première fois dans un aéroport français lundi à Roissy-Charles-de-Gaulle sur les vols en direction des Etats-Unis, dans le cadre du renforcement des mesures de sécurité après l’attentat manqué contre un avion américain à Noël.
Sorte de cabine en verre dans laquelle pénètre le passager, ce scanner corporel utilise la technologie des ondes millimétriques. «Avec ce système, on peut voir tout objet figurant sous les vêtements. Les ondes se réfléchissent sur la surface de la peau. Il n’y a aucune pénétration dans le corps humain», a expliqué à la presse Patrick Gandil, directeur général de l’aviation civile.
«Il s’agit d’un démonstrateur. Nous ne pourrons engager l’expérimentation que lorsque l’article figurant dans le projet de loi Loppsi aura été définitivement voté», a-t-il relevé. «C’est une phase d’évaluation et d’expériences», qui doit durer de un à trois mois. «Nous voulons vérifier son acceptabilité auprès des passagers. C’est un test facultatif. Les voyageurs ont le choix entre ça ou les palpations», a-t-il ajouté.
«Opérateur du même sexe»
Le lancement de la démonstration s’est déroulé au terminal 2E de l’aéroport parisien. L’appareil a été d’abord testé par des passagers volontaires à l’embarquement d’un vol à destination de Miami.
«L’appareil constitue une image holographique du passager, asexuée. Il ne donne pas une très bonne image. Il ne faut pas faire de confusion avec le scanner à rayons qui fournit quasiment une photographie», a précisé Patrick Gandil.
L’image holographique est envoyée dans une autre pièce, fermée, située en sous-sol. Là, deux contrôles sont effectués: une analyse automatique par un ordinateur et un contrôle visuel de l’image par un opérateur du même sexe que le passager. «Nous voulons tester ces deux modes pour vérifier lequel est le plus efficace», a souligné Patrick Gandil, précisant que l’image n’est jamais conservée et qu’elle est toujours détruite.
Si un objet apparaît, un schéma représentant le corps du passager est renvoyé aux employés se chargeant des palpations, avec mention en rouge des parties du corps qui doivent être contrôlées. «Cela évite des palpations aléatoires et c’est plus rapide. Avec ce système, seules les parties du corps figurant en rouge seront contrôlées.»
La LDH vigilante
Le scanner à ondes millimétriques doit à terme remplacer les palpations dont la pratique a été renforcée depuis l’attentat manqué sur un vol Amsterdam-Detroit en décembre. Pratique souvent «désagréable» et qui pose «un problème d’intimité» pour les passagers, selon le directeur général.
Dans un communiqué, la Ligue des droits de l’homme (LDH) appelle à «la plus extrême vigilance face aux risques de généralisation» de la technique du scanner corporel. «Le recours à ce dispositif de contrôle porte une atteinte à l’intimité et à la vie privée équivalente à une fouille intégrale. Il ne saurait donc être envisagé que dans des hypothèses très strictement délimitées et avec des garanties précises.»
La Commission nationale de l’informatique et des libertés (Cnil) avait estimé que les scanners corporels doivent être utilisés dans des «conditions juridiques et techniques» garantissant la protection de la vie privée et de l’intimité des personnes.
Pour l’heure, un seul appareil est testé à Roissy-CDG. Son coût est estimé à un peu moins de 200.000 euros selon le distributeur de la machine en France, la société Visiom.
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